Mon épicier me connaît mieux que moi !
Il parait que certaines personnes entretiennent des relations bizarres avec leur chauffeur de taxi. D'autres avec leur coiffeur. Ben moi, je crois que ce serait avec mon épicier. Tout est parti d'une réflexion de Delphine ce soir. On sortait du concert de John & Jehn à la flèche d'or, après un couscous monumental, et j'ai dit : "je vais passer chez MON épicier et je vais acheter de la Badoit, tiens". Ma copine a réagi : "Ah lala, Julie et son épicier". Ben oui, mon épicier, mon "arabe du coin", juste en bas de chez moi, je crois qu'il me connait mieux que moi. Il a toujours le sourire et vend ses bières au même prix que Monop'... c'est dingue quand même, non ? Le lundi, je me pointe devant chez lui. Pour une canette de Heineken. Oui, avec un pote ou un chéri. Le désir de faire la fête un lundi quand tout le monde reste chez soi ! Sauf, que je me ramasse les dents à chaque fois (mais j'oublie vite) : le lundi, il a décidé de ne pas être dispo, mon épicier. Il est fermé ! Le mardi, comme ce soir, il me voit débarquer pour une bouteille de Badoit et quelques bonbons (cinq cocas, cinq cerises, trois réglisses, trois Schtroumpfs et hop !) Début de semaine... Le mercredi, deux options. Soit, je viens en jean-bottes fourrées et bonnet (en hiver) soit en robe coton et espadrilles (en été), lui acheter quelques gourmandises - olives vertes (oui, y en a qui s'épanouissent avec une tablette de chocolat. Moi, un bocal d'olives vertes suffit à mon bonheur, parfois), bonbons et jus de fruits. C'est la version gentille du mercedi. Je vais rester chez moi à mater des séries. Soit, j'arrive plutôt vers 23 h pour prendre quelques bières ou une bouteille de rosé. Là, Cécelle, Nanou ou une autre copine est passée à la maison. A l'improviste ou pas. Parce que le mercredi soir, on ne pense jamais finir les trois bouteilles de bières achetées au supermarché dans la journée. Puis la conversation s'anime, s'anime... Le jeudi, ben, c'est le matin qu'il me voit l'épicier. Et c'est pour le fameux "Coca qui sauve" ! Celui des lendemains de cuites ou de juste quelques excès... Celui-là peut aussi se vivre le vendredi, le samedi et encore plus, surtout le dimanche matin ! Le vendredi et le samedi justement, je lui rends visite plusieurs fois dans la journée. Je passe en début de soirée pour le ravitaillement express ou plus tard, pour la canette "pour la route". Celle qui nous accompagne sur le chemin du Truskel (entre autres) avant d'aller danser. C'est le dimanche soir que mon épicier me réconforte le plus. En général, ça me prend vers 23 h. Il me faut ma dose de douceur... qui me donnera l'impression de combler un certain manque d'affection. L'impression... J'arrive donc devant son comptoir avec deux kinder bueno (un classic et un tout blanc que je regrette dès la première bouchée), des bonbons, un mars ou un balisto jaune... au cas où les deux kinder ne suffisent pas. Ils ne suffisent pas en général. Finalement avec mon épicier, on échange que des regards, des "bonjour", des "merci" et des sourires (et oui, j'ai beaucoup de chance) mais il ne me juge pas. Jamais. Même quand je me sens pathétique, ultra moche ou pas aimable. Il m'a vue les yeux bouffis un dimanche post rupture (un magnum au chocolat blanc), le pas marqué genre je suis très en colère le vendredi pour une grande bouteille de Heineken (mon mec (ex) m'a trompée)... Heureusement, mon épicier n'a pas trop le sens des affaires ! Il pourrait faire fortune avec moi s'il vendait des chaussures (oui oui ça l'fait en cas de détresse), des clopes, des robes noires ou des p'tites culottes...